Le travail que je mène actuellement en volume et avec l’argile, procède d’un cheminement vis-à-vis des images. Après les Beaux-Arts et un post-Diplôme où la vidéo et l’installation tenaient une grande place,le besoin d’associer la matière s’est imposé.
Faire émerger un langage ayant un point d’ancrage fort au corps. L’argile a été le moyen de donner forme et matérialité à quelque chose, qui sans cesse se dérobait. Au fur et à mesure du travail, ce qui est apparu c’est une sorte de familiarité et de fascination pour ce matériau.
Sans formation spécifique de céramiste et peut-être pour cette raison même mon approche de la terre, relève d’une certaine naïveté, voire d’une certaine inconscience.
Le modelage, le volume c’était aussi la possibilité de faire coïncider un imaginaire et un pressentiment “intérieur” de ce qui nous hante, en tant qu’humains.
Mes sculptures me paraissent à la fois des incongruités et des vieilles rengaines. Elles me permettent de sentir ce qui me relie aux autres corps, aux autres espèces, aux autres temps ; et en les faisant exister, d’approcher et d’accrocher ensemble, des fragments disparates et disloqués qui traversent notre quotidien ou s’y nichent depuis toujours en silence.
Mélange d’amulettes, d’organes, d’animalité et de corps ; ces sculptures sont des compressions de vies psychiques, de quêtes et de désirs désordonnés et pleines de mémoires escamotées. Une accumulation de traces des lieux (paysages et être vivants) réels et imaginaires.